En dépit de ce que l’on pourrait croire à cause de la situation actuelle de notre pays et de l’involution des mentalités, l’archétype de la Française continue d’exister et d’alimenter l’imaginaire collectif, envers et contre tout. Paradoxalement, c’est surtout à l’étranger que cet archétype demeure vivace dans les esprits. Et si le fond du malaise français ne résidait pas dans notre incapacité à aimer la Française ?
La France a toujours été femme : coquette, épargnante, légère, frivole ; jolie et fort intelligente comme sont les femmes un peu homme. Etre le centre du monde lui plait et lui convient. C’est un rôle qu’elle tient à merveille
Maurice Sachs, Le Sabbat (1946)
Par définition, un archétype n’existe pas dans la réalité, toutefois, en tant que symbole d’un Idéal, il s’avère nécessaire comme source d’inspiration, d’autant plus dans un contexte hostile, sans repères et aux valeurs inversées, comme aujourd’hui.
Nul besoin de recenser les clichés ou fantasmes qui l’entourent, c’est bel et bien au fond de nous, femmes françaises d’aujourd’hui et fières de l’être, qu’il faut aller puiser et réveiller ce qui a été enfoui, banni, endormi.
Il y a quelques années, nous faisions rougir les autres, et aujourd’hui c’est nous qui rougissons, presque par honte ou par pudeur mal placée d’affirmer ce que nous sommes, d’être ce que nous sommes.

Il n’y a pas d’arrogance là-dessous, toutefois force est de constater qu’Arletty et Bardot se sont faites détrôner par Miley Cyrus et Kim Kardashian. Au secours. Pourtant, ce ne sont en rien des adversaires coriaces. A croire qu’en plus de notre identité profonde, on nous a aussi pris notre énergie et notre envie de lutter.

Alors où est passée cette Française aimée, enviée, admirée, tant par les autres femmes du monde que par les hommes ? Qu’est-il arrivé à ce symbole de l’élégance, du raffinement ? Où sont passés son assurance, sa tenue, son goût pour le Beau, pour l’Harmonie, ses caprices, sa légèreté, son côté inaccessible ?
Le féminisme a‑t-il eu raison des hommes, mais aussi de nous ?
La féminisation a‑t-elle détruit la féminité française ?
Aux Etats-Unis, le charme pétillant et le jeu de jambes redoutable de Bérénice Béjo a pourtant ravi les foules.

Depuis Amélie Poulain, Audrey Tautou incarne dans le monde entier le chic à la française.

Et que dire de Marion Cotillard, ambassadrice de la femme française depuis son interprétation très remarquée d’Edith Piaf dans La Môme ?

“Je suis Française et j’en suis fière” pourrait être un slogan, toutefois, c’est au delà de toute revendication naïve ou creuse qu’il faut se placer. Nous devons nous inscrire dans le temps long, travailler sur le fond des choses, qui seul est solide, pérenne et transmissible.
La Française ne hurle pas à tout va, ne manifeste pas sa singularité les seins nus, ne s’abaisse pas à la vulgarité ou la fourberie pour défendre sa cause.

Non, la Française est subtile, intelligente, sensible, intuitive, perspicace, lucide, elle œuvre discrètement, sûrement et sereinement dans la durée. Dans la sphère privée comme dans l’espace public.
C’est une femme forte, c’est une femme entière, qui se réveille et passe à l’action quand elle se sent menacée à l’instar des Aliénor d’Aquitaine, Jeanne d’Arc, Anne de Bretagne, Louise Labé, Simone Weil, Brigitte Bardot et tant d’autres dans tous les domaines et depuis des siècles, qui l’ont façonnée et dont elle est l’héritière.
A nous de nous en rendre digne car nous sommes responsables de Demain.
Anne-Sophie La Gaufrette