En Irlande, le « oui » à la libéralisation de l’avortement obtient 69% des voix

Les Irlandais ont massivement voté en faveur de l’abrogation du huitième amendement de la Constitution qui proclamait depuis 1983 « le droit à la vie de l’enfant à naître, en tenant compte du droit égal à la vie de la mère« . Le résultat officiel n’est pas encore tombé, mais d’après les sondages réalisés par The Irish Times et la chaîne RTÉ, le oui l’emporterait à 69,4%.

Jusqu’ici, l’avortement n’était autorisé qu’en cas de danger pour la vie de la mère. Les femmes enceintes à l’issue d’un viol étaient contraintes de mener leur grossesse jusqu’à son terme. L’avortement pour cause de malformation grave était également interdit. Aider une femme à avorter était passible de 14 ans de prison. Le contenu de la future loi reste à définir.

Ces dernières années, l’Irlande a été agitée par plusieurs scandales liés à l’interdiction quasi-totale de l’avortement.

En 2014, une jeune femme de 18 ans d’origine étrangère victime de viol a entamé une grève de la faim pour qu’on la laisse avorter. Elle a finalement été contrainte d’accoucher par césarienne.

En 2012, Savita Halappanavar, dentiste de 31 ans, est décédée d’une septicémie à cause d’un avortement refusé. Admise à l’hôpital pour une fausse couche à 17 semaines, Savita se plaint d’intenses douleurs et sait que son bébé est condamné, mais les médecins refusent de pratiquer l’intervention chirurgicale tant que le cœur du fœtus bat encore. L’affaire de quelques heures, selon eux.

Mais, pendant trois jours, le cœur du bébé continue de battre. « Le médecin nous a dit que le col de l’utérus était complètement dilaté, que la poche du liquide amniotique était percée et donc que le fœtus ne pourrait pas survivre », a expliqué le mari de Savita.

« Pendant trois jours, relate France 24, sa femme, qui s’était résolue à faire le deuil de sa grossesse, souffre le martyre et supplie que l’on mette un terme à ses souffrances. Ils répétaient : ‘Tant que le cœur bat, nous ne pouvons rien faire’.

Le 23 octobre, l’état de santé de Savita se dégrade considérablement. « Ce soir-là, elle tremblait et vomissait. Elle a voulu aller aux toilettes, elle s’est effondrée. » Les médecins lui prescrivent des antibiotiques mais n’interrompent toujours pas la grossesse.

Ce n’est que le 24 octobre, vers midi, que le cœur du fœtus cesse de battre. Les médecins procèdent alors à un avortement médical. Mais il est trop tard. La jeune femme, gravement malade, est transférée au service de soins intensifs. « Son pouls était faible, la fièvre élevée. Son cœur, ses reins et son foie ne fonctionnaient plus », ajoute son mari. Le 28 octobre, Savita décède des suites d’une septicémie. »

« Savita était un cas d’urgence obstétrique. Mais les médecins n’ont rien fait par peur de potentielles conséquences », s’était indignée Rachel Donnelly, porte-parole d’un mouvement pro-avortement à Galway.

En 1999, un couple d’Irlandais a été contraint de se rendre en Grande-Bretagne pour un avortement. Leur bébé ne possédait pas de cerveau mais les autorités irlandaises voulaient forcer la femme enceinte à aller au bout de sa grossesse.

Malgré l’interdiction de l’IVG, l’Irlande avait un taux de fécondité inférieur au seuil de remplacement : 1,81 enfants par femme.