La dessinatrice féministe Franziska Becker accusée de racisme pour avoir critiqué le voile islamique dans ses dessins

La caricaturiste et auteure de bande dessinée Franziska Becker doit, le 29 juin, recevoir à Berlin le prix Hedwig-Dohm récompensant l’ensemble de son œuvre. Mais le ton blasphématoire de Franziska Becker, son rejet du voile et sa critique acerbe de la misogynie au sein de l’islam et du christianisme lui valent d’être accusée d’« islamophobie » et de « racisme ». Sur Twitter, plusieurs figures de gauche ont attaqué la dessinatrice, rapporte Le Point.

La polémique a été lancée par la blogueuse allemande d’origine turque Sibel Schick, qui accuse Franziska Becker d’être « misogyne » (sic) et d’« inviter à la violence contre les femmes » (sic). Il s’agit là d’une technique rhétorique classique chez les militants de l’islam politique : assimiler la critique du voile à une « violence » envers les femmes voilées. Cette inversion accusatoire vise à injecter une culpabilité paralysante aux Occidentaux tentés de pointer la violence misogyne contenue dans les prescriptions islamiques.

Le journaliste et éditeur Jakob Augstein lui a emboîté le pas : « les caricatures sont bonnes quand elles rapetissent les grands, et non pas quand elles tapent sur ceux qui sont tout en bas. C’est pour cela aussi que les caricatures antimusulmanes de Charlies Hebdo étaient mauvaises. C’est une question de pouvoir ». On est tentées de lui demander qui, le 7 janvier 2015, dans les locaux de Charlie Hebdo, avait le pouvoir : les frères Kouachi avec une kalachnikov entre leurs mains ou les dessinateurs désarmés qui ont été abattus ?

Theresa Bücker, rédactrice en chef du magazine féminin Édition F, a écrit sur Twitter : « Pfff. Je viens de regarder quelques-uns de ses dessins, ça donne le vertige, ils sont si souvent racistes, surtout contre les femmes portant le voile. » […]

Des dessins pointant la misogynie dans l’islam et le christianisme

Dans la droite ligne de toutes les grandes figures fondatrices du féminisme, Franziska Becker critique la misogynie des religions du livre.

Dans un de ses dessins, un Chrétien et un Musulman se serrent la main et disent à l’unisson : « Mon frère, luttons ensemble contre les mécréants. »

Dans un autre dessin, on voit une nounou voilée qui explique « mon voile est mon choix de confort vestimentaire personnel. Cela n’a rien à voir avec mon travail ! », alors que, à ses côtés, des enfants jouent avec des « camions kamikazes » ou des poupées voilées.

D’autres dessins s’inquiètent d’une régression des droits des femmes dans sociétés occidentales sous l’effet de l’islamisation. Une banquière voilée annonce à une cliente : « Désolé, les versements ne se font plus qu’avec un accord écrit de l’époux, père, frère ou fils. »

« Eh bien, Berlin est devenu multiculturel, maman ! Nous ne sommes aujourd’hui plus si intolérants que ne l’était ta génération dans les années 1950… »

 

 

Franziska Becker a reçu le soutien d’une des figures féministes les plus célèbres d’Allemagne : Alice Schwarzer, amie de Simone de Beauvoir et rédactrice en chef du magazine féminin EMMA, qui, dans les années 70, participa à la fondation du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) en France et à sa diffusion en Allemagne. « L’heure de l’idéologisation, de la police de la pensée et de la censure a sonné », a déclaré Alice Schwarzer, qui rappelle que depuis 1991, Franziska Becker traite des « fanatiques de l’islam » et des « propagandistes de la burqa », sans avoir jamais suscité d’indignations : « Vingt-huit ans après sa première caricature contre l’islamisme (et non pas l’islam !), voilà que Becker se voit reprocher d’être islamophobe et raciste. Une blogueuse d’origine turque a initié ces protestations – et certains l’ont suivie. »

 

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