Le gouvernement Trump s’allie avec les pays les plus arriérés du monde pour attaquer le droit à l’avortement : Pakistan, Arabie Saoudite, Soudan, Ouganda, Égypte, Haïti …

Le gouvernement chrétien conservateur de Donald Trump lance une offensive mondiale contre les droits des femmes et s’allie, pour y parvenir, avec les 32 pays du monde les plus arriérés et les plus violents envers les femmes, parmi lesquels de nombreux pays islamistes ou aux mains des fondamentalistes chrétiens. Pakistan, Arabie Saoudite, Soudan, Libye, Irak, Égypte, Djibouti, Niger, Ouganda … la tiers-mondisation de la condition des femmes est en marche. Le Département de la Santé et des Services sociaux des États‑Unis a publié une déclaration co-signée avec 32 pays misogynes chrétiens et musulmans annonçant une ferme intention de lutter contre le droit à l’avortement et de promouvoir « la famille traditionnelle ». La déclaration, enrobée de références lénifiantes à la « santé et au bien être des femmes« , a été présentée le jeudi 22 octobre par Alex Azar, Secrétaire à la Santé et aux Services sociaux. Comme le souligne Libération, « si cette surenchère de discours conservateurs a de quoi inquiéter, la déclaration présentée ce jeudi a surtout une valeur symbolique. Elle marque une étape de plus dans la guerre que mènent certains gouvernements contre l’avortement et les minorités LGBT, comme aux États-Unis où de nombreux États ont durci l’accès à une interruption volontaire de grossesse. Ou, plus récemment en Pologne, où il a été déclaré inconstitutionnel l’avortement en cas de malformation du fœtus. »

Islamistes et militants chrétiens conservateurs unis pour détruire les droits des femmes dans le monde

La liste des pays signataires est disponible sur le site du HHS, équivalent américain du Ministère de la santé. Les initiateurs de cette déclaration sont les États-Unis, le Brésil, l’Égypte, la Hongrie, l’Indonésie et l’Ouganda. Le trait commun qui unit pratiquement tous les pays de la liste est la domination religieuse patriarcale. De nombreux pays de la liste appliquent la charia soit sous une forme institutionnalisée, soit de facto. Quant à la Pologne, à la Hongrie, au Brésil et aux États-Unis, ces États sont dominés par des gouvernements conservateurs donnant un pouvoir croissant aux lobbies chrétiens. Le gouvernement polonais a récemment décidé de forcer toute femme enceinte d’un fœtus malformé à aller au bout de sa grossesse. Le gouvernement chrétien du Brésil a institué de nouvelles règles pour empêcher des femmes violées d’accéder à l’avortement.

Cette déclaration marque un jalon dans la convergence politique entre chrétiens conservateurs et musulmans conservateurs, unis par un désir commun de restreindre les droits des femmes, parmi lesquels les droits reproductifs et l’autonomie sexuelle. En s’alliant avec une quinzaine de pays islamistes et plus généralement avec des pays connus pour leur pratique de l’infériorisation systématique des femmes ainsi que leurs taux délirants de viols d’enfants et de femmes, de violences conjugales, de mariages forcés, de fillettes enceintes, le camp conservateur américain affirme sa volonté de créer un pont culturel entre Occident progressiste et Tiers-Monde obscurantiste.

La liste des pays signataires fait en effet froid dans le dos pour quiconque s’intéresse aux droits des femmes dans le monde :

1. Royaume du Bahrain
2. République de Biélorussie
3. République du Bénin
4. République fédérale du Brésil (cosponsor)
5. Burkina Faso
6. République du Cameroun
7. République démocratique du Congo
8. République du Congo
9. République de Djibouti
10. République arabe d’Égypte (cosponsor)
11. Royaume d’Eswatini
12. République de Gambie
13. République d’Haïti
14. Hongrie (cosponsor)
15. République d’Indonésie (cosponsor)
16. République d’Irak
17. République du Kenya
18. État du Koweït
19. État de Libye
20. République de Nauru
21. République du Niger
22. Sultanat d’Oman
23. République islamique du Pakistan
24. République de Pologne
25. Royaume d’Arabie Saoudite
26. République du Sénégal
27. République du Sud-Soudan
28. République du Soudan
29. République d’Ouganda (cosponsor)
30. Émirats Arabes Unis
31. États-Unis d’Amérique (cosponsor)
32. République de Zambie

Petit tour d’horizon des pays avec lesquels le gouvernement chrétien conservateur de Donald Trump s’allie pour défendre « la famille traditionnelle » (sic) et détruire le droit à l’avortement :

Brésil. L’avortement est interdit au Brésil. Les victimes de viol peuvent théoriquement obtenir une dérogation pour avorter, mais le gouvernement chrétien conservateur de Jair Bolsonaro a récemment introduit de nouveaux obstacles pour empêcher les femmes violées d’avorter. Celles-ci sont désormais contraintes de prouver qu’elles sont de « bonnes victimes » de viol : la loi les oblige à relater leur viol « en détail » et à déposer plainte pour viol (chose difficile quand on sait combien la plupart des viols sont difficiles à prouver), ce qui expose les femmes à être à leur tour accusées de dénonciation calomnieuse et maltraitées par la police. Le Brésil est le cinquième pire pays au monde en matière de féminicides et les chiffres des féminicides ne cessent de croître. Les violences contre les femmes y atteignent des niveaux effarants et la pratique consistant à éclater les dents des femmes par jalousie fait des ravages au Brésil. Une fillette est violée toutes les heures au Brésil. Les violences sexuelles sur les enfants atteignent de telles proportions au Brésil, que chaque jour, six fillettes de 10 à 13 ans doivent avorter. En août 2020, des militants chrétiens conservateurs ont diffusé l’identité d’une fillette brésilienne de 10 ans enceinte suite à un viol par son oncle. La très chrétienne ministre de la famille brésilienne Damares Alves a carrément appelé à manifester devant l’hôpital où la fillette était censée avorter pour la forcer à mener la grossesse à son terme. Le nom de l’hôpital était jusqu’ici tenu secret pour protéger la petite fille, mais la ministre en personne l’a révélé pour aider les manifestants anti-avortement dans leur harcèlement. La fillette, victime de violences sexuelles répétées depuis l’âge de 6 ans, a finalement pu avorter, non sans avoir essuyé un intense harcèlement chrétien et un afflux de pasteurs évangélistes qui se sont bousculés pour la sermoner. Les manifestants anti-avortement ont maltraité la fillette et le personnel hospitalier, et ils ont tenté de les empêcher d’entrer dans le bâtiment.

Pakistan. La charia (loi islamique) régit la condition des femmes et le patriarcat est institutionnalisé. Jusqu’en 2006, toute femme victime de viol est considérée par les lois pakistanaise comme coupable d’adultère passible de lapidation à mort si elle ne parvient pas à fournir 4 témoins attestant qu’elle a été forcée. La loi a été assouplie et la peine de lapidation encourue par les femmes violées a été remplacée par 5 ans de prison. Plus de 600 femmes sont assassinées chaque année dans le cadre de « crimes d’honneur » (sic) : les hommes sont culturellement encouragés à tuer les femmes de leur famille ayant eu une liaison « illicite ». Cette pratique a été théoriquement interdite récemment mais les peines prononcées contre ces criminels sont indulgentes et la loi organise l’impunité, car il suffit que la famille pardonne au criminel conformément à l’usage pour que les poursuites soient abandonnées.

Arabie Saoudite. Du fait du patriarcat islamique institutionnalisé, les femmes saoudiennes ont un statut de mineures. Les femmes adultes ne peuvent toujours pas voyager librement sans tuteur. Toute femme est judridiquement soumise à l’autorité de ses tuteurs masculins, qui peuvent la faire arrêter et la forcer à rentrer à la maison s’ils désapprouvent un de ses déplacements. Les féministes sont persécutées et subissent tortures et sévices sexuels en prison. Les femmes n’ont obtenu le droit de conduire qu’en 2018 et le permis de conduire est encore six fois plus cher pour les femmes que pour les hommes.

Ouganda. L’avortement est interdit même en cas de viol et les avortements clandestins sont responsables de 25% de la mortalité maternelle. Être lesbienne (ou gay) est strictement interdit en Ouganda. En 2019, seize militants LGBT ougandais ont été arrêtés et ont subi des « examens anaux forcés ».

Soudan. 87% des femmes soudanaises sont victimes d’excision. Jusqu’en 2019, la loi interdisait aux Soudanaises de danser et de porter des pantalons en public, sous peine de coups de fouets ou de mort. Le taux de mariage précoce des filles est de 42% dans les zones rurales du Soudan et de 28% dans les villes.

Égypte. 80% des femmes égyptiennes ont subi l’excision, mutilation génitale consistant à amputer tout ou partie des organes génitaux externes des fillettes (petites lèvres, clitoris) dans le but de les « purifier », de les empêcher d’accéder au plaisir sexuel une fois adultes et de faire en sorte qu’elles soient « bonnes à marier ». Les féministes sont persécutées. La militante féministe lesbienne Sara Hegazy s’est suicidée cette année des suites du traumatisme de son incarcération en Égypte, lors de laquelle elle avait subi des sévices. Une féministe a récemment été incarcérée en Égypte pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel sur Facebook. Six femmes égyptiennes ont été condamnées à des peines de prison cette année pour avoir dansé en public via le réseau social Tiktok.

Indonésie. Voile islamique obligatoire dans certaines zones et dans de nombreuses écoles, flagellations publiques des femmes ayant des rapports sexuels hors mariage dans la province d’Aceh. Le pays est secoué par plusieurs affaires choquantes de violences sexuelles lors desquelles les victimes sont traitées comme des coupables par la société et les autorités.

Niger. Seules 15% des femmes sont alphabétisées, contre 42% des hommes. Le Niger détient le record mondial de fistules obstétricales (perforation vaginale jusqu’à la vessie ou au rectum), à cause de la pauvreté, des mutilations génitales religieuses, du niveau catastrophique du système de santé, et d’un taux élevé de petites filles enceintes dès 10-12 ans. 98% de la population nigérienne est musulmane et les mariages précoces sont la norme pour les fillettes. 77% des femmes nigériennes mariées l’ont été avant l’âge de 15 ans.

Royaume d’Eswatini. Dans ce petit royaume autrefois connu sous le nom de Swaziland, les femmes ont un statut juridique d’éternelles mineures, elles n’ont pas le droit d’ouvrir un compte bancaire ni d’être propriétaires d’un bien immobilier, et seuls les enfants mâles peuvent hériter de leurs parents. La seule politique menée contre les violences sexuelles dans ce pays est l’interdiction du port de la mini-jupe et du pantalon taille-basse pour les femmes, présentée par les autorités locales comme le seul moyen d’empêcher des viols. Le Roi dépense chaque année l’équivalent de 60% du budget du ministère de la santé dans des festivités où il réunit des dizaines de milliers de jeunes filles vierges du Royaume pour les faire danser seins nus en chantant la gloire de la virginité. La virginité et l’abstinence sont les seules protections contre les maladies sexuellement transmissibles autorisées dans ce pays, puisqu’il est interdit d’y faire la promotion du préservatif et de la contraception. Résultat : un quart des habitants du Royaume sont atteints du SIDA, un record mondial.

Vous reprendrez bien une tranche de « famille traditionnelle » ?

Haïti : de « shithole » à modèle pour les conservateurs américains

En 2018, Donald Trump avait suscité la polémique en qualifiant Haïti de « shithole », c’est-à-dire de « trou à merde ». Mais depuis que les chrétiens conservateurs ont consolidé leurs positions dans le gouvernement Trump, les « shithole countries » font figure d’alliés et même de modèles de société pour le gouvernement Trump. Alex Azar, le Monsieur Santé de l’administration Trump, a en effet co-signé avec Haïti la déclaration commune contre le droit à l’avortement. À Haïti, l’avortement est totalement interdit : toute femme enceinte à cause d’un viol est forcée de mener la grossesse jusqu’à son terme. Un rapport du Conseil de Sécurité des Nations Unies estime que la moitié des femmes des bidonvilles de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, avaient déjà subi un viol. Jusqu’en 2005, les lois haïtiennes considéraient le viol comme un délit mineur de moindre gravité qu’une agression. Porter plainte pour viol à Haïti relève du parcours du combattant car les femmes violées y sont considérées comme des coupables. On encourage les femmes à se taire et si possible à épouser leur violeur pour « restaurer leur honneur ». Alors que le VIH fait des ravages sur l’île, la plupart des femmes violées à Haïti ne reçoivent aucun traitement médical et doivent subir en silence les conséquences des IST que leurs violeurs leur inoculent.

Bref, les « shitholes » ont le vent en poupe du côté des chrétiens conservateurs américains, qui voient dans ces pays misogynes sous-développés un modèle à suivre. Le camp conservateur est souvent présenté comme le « défenseur de l’identité blanche », mais dans les faits, seule l’identité chrétienne le préoccupe et il s’allie volontiers avec ses jumeaux spirituels du camp islamiste. Après avoir lutté pendant plus de 1500 ans pour se débarasser de la charia chrétienne, les Occidentaux doivent désormais faire face à l’alliance entre les chrétiens conservateurs et les promoteurs de la charia qui militent main dans la main pour détruire les libertés des femmes et des hommes d’Occident. Le défi est de taille dans un contexte où la liberté de critiquer les religions est de plus en plus muselée en Occident, sous le double effet du lobbying chrétien et du lobbying antiraciste qui assimile la critique des religions rétrogrades à un crime raciste.