Le viol utilisé comme arme de guerre par l’armée russe en Ukraine

Maria Mezentseva, chef de la délégation ukrainienne à l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, a déclaré que les cas devaient être enregistrés, car "la justice doit prévaloir".

Les témoignages et preuves de viol sur des femmes et des enfants en Ukraine s’accumulent depuis plusieurs jours. Les autorités ukrainiennes et des organisations de défense des droits humains s’attachent à collecter les preuves. « Certaines preuves sont accablantes », estime France Inter :

« Les faisceaux d’indices s’accumulent, comme cette conversation captée ce mois de mars par les services de sécurité ukrainiens, entre un soldat russe et sa mère, lors de laquelle le jeune homme dénonce ses camarades :

« Dans un village voisin, près d’ici, des garçons ont violé une femme.
– Quelle horreur !
– Oui… Une adulte, et une femme de 16 ans. J’ai envie de fusiller ceux qui ont fait ça. Qu’ils aillent se faire foutre, je voudrais qu’ils rentrent chez eux dans un cercueil. »

Kateryna Cherepakha préside La Strada Ukraine, une organisation [de défense] des droits de l’homme qui a déjà documenté quatre dossiers, soit six viols au total. Trois de ces affaires se sont déroulées dans la région de Kiev, et la quatrième, au sud du pays, où les combats font rage entre soldats russes et ukrainiens.

« Il y a des cas, affirme Kateryna Cherepakha, où des enfants ont été violés sous les yeux de leur mère, de leurs parents. Parfois, ils ont été violés en même temps. Ceux qui ont souffert de ces viols vont avoir beaucoup de mal à témoigner, déjà qu’en temps normal, c’est compliqué… Cela prendra du temps. C’est quelque chose qui doit être très sérieusement documenté, pour ensuite [mettre] ceux qui sont coupables devant leur responsabilité. »

Mais, les combats se poursuivant, les organisations de défense des droits de l’homme se heurtent à une difficulté majeure, celle de la collecte des preuves. « Dans beaucoup d’endroits où ces crimes ont eu lieu, poursuit Kateryna Cherepakha, les maisons, les immeubles, sont minés. Les autorités continuent à retrouver des endroits où les gens ont été retenus captifs, torturés, violés. Et puis, ça continue en ce moment même, les crimes continuent d’être perpétrés. »

Cette responsable en est convaincue : les six cas de viols répertoriés par La Strada Ukraine ne représentent selon elle qu’une goutte d’eau. Une infime partie de toutes les horreurs qui seront découvertes par la suite, en particulier au sud du pays et dans le Donbass, où les troupes russes sont en train de se redéployer. En attendant, les témoignages collectés pourront servir à la procureure générale d’Ukraine, ainsi qu’à la Cour internationale des droits de l’homme, qui ont annoncé des enquêtes. »

En Pologne, les réfugiées ukrainiennes enceintes suite à un viol se heurtent à l’interdiction de l’avortement et de la pilule du lendemain

Les lois anti-avortement strictes de la Pologne et l’indisponibilité des pilules du lendemain le long de la frontière ukraino-polonaise poussent les médecins et les bénévoles à prendre le risque d’être emprisonnés, en distribuant secrètement des pilules abortives aux victimes de viol.

Les autorités polonaises ont suscité des controverses et des protestations contre leur interdiction quasi totale de l’avortement, l’une des lois les plus restrictives d’Europe. Les médecins risquent une peine de prison de trois ans s’ils pratiquent un avortement avec le consentement d’une femme enceinte.

Un gynécologue basé en Pologne, qui travaille avec des bénévoles pour distribuer la pilule du lendemain, déclare :

« Nous prenons un risque colossal en mettant ces pilules à la disposition des victimes de viol. En Pologne, ces pilules ne sont légales que sur ordonnance. Il est presque impossible pour les réfugiées ukrainiennes d’obtenir cette ordonnance. »

Au début, nous avons décidé de fournir ces pilules aux réfugiés ukrainiens ici en Pologne, mais nous avons maintenant envoyé les pilules aux victimes toujours bloquées en Ukraine, entourées de Russes.

Il dit qu’il est plus difficile de faire parvenir les pilules aux réfugiés car le contrôle aux frontières s’est resserré. Il craint qu’à moins que le gouvernement polonais ne fasse une exception pour les victimes de viol, il y aura des conséquences durables pour ces femmes.

Oleksandra, qui a aidé à la distribution de pilules, explique :

« En Pologne, l’avortement n’étant pas une option pour les victimes de viol, il est clair que la vie des femmes n’a pas autant d’importance qu’une cellule qui ne s’est même pas encore transformée en fœtus. C’est un risque énorme que nous prenons tous, mais en l’absence d’un gouvernement qui s’occupe de cas comme ceux-ci, les survivants n’ont plus que des groupes secrets comme le nôtre qui peuvent aider. »

La députée polonaise Joanna Kluzik-Rostkowska résume : « Vous pouvez imaginer ce qui se passera lorsque deux millions de personnes viendront en Pologne. Je vois deux problèmes liés : le premier concerne les enfants abandonnés. Nous préparons des programmes spéciaux pour eux. Le deuxième problème est le trafic. »

A la frontière, Fundacja Ocalenie, basée à Varsovie, tente de faire face à la crise. Kalina raconte comment, lorsque son équipe s’est rendue à la frontière, ils ont constaté qu’il n’y avait aucun système en place.

« Tout le travail d’aide aux réfugiés a été fait par des bénévoles et des ONG, et non par le gouvernement. Je crains qu’avec ce manque de coordination entre les agences et l’absence de plan en place, le risque de traite des êtres humains augmente, en particulier pour les mères célibataires. Nous sommes confrontés à une multitude de problèmes, tels que la violence sexuelle et la discrimination raciale, entre autres. »

La députée polonaise Kluzik-Rostkowska confirme que le gouvernement polonais travaille avec les forces de l’ordre pour aider les victimes de viol : « Ce n’est pas seulement un problème polonais parce que certaines de ces femmes se rendent dans d’autres pays de l’UE, et elles ont besoin de l’aide de toute l’UE. »

Pendant ce temps, la gynécologue Oleksandra et les volontaires travaillent 24 heures sur 24 pour se procurer non seulement les pilules du lendemain, mais aussi pour mettre en place une équipe capable de livrer du matériel médical vital aux premières lignes de la capitale Kiev.

Oleksandra déclare : « Si ce gouvernement pose un problème dans la distribution des pilules du lendemain aux victimes de viol en Ukraine, nous continuerons à les fournir aux femmes ici en Pologne, un problème dont personne ne parle. »

(Source : EA Worldview)

Commentaires

  1. L'asile conservateur en Pologne et ses entraves à l'avortement... ça montre bien que les entraves à l'avortement libre sont juste une aide aux viols de toutes sortes. Ca fait du bien de savoir que c'est en train de changer, tout ça !

  2. Les rapports des crimes de guerre qui sont en train de sortir d'Ukraine me glacent le sang. Tueries de civils en masse, utilisation de crématoires mobiles, viols d'enfants, parfois jusqu'à leur mort. C'est inconcevable. Émotionnellement j'ai atteint comme un seuil, je suis vraiment glacé.

Poursuivre la discussion sur forum.albanova.org

Avatar for Bellica Avatar for lucas Avatar for Halifax