L’Iran et le Pakistan ont été élus mardi comme nouveaux membres de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW), organe intergouvernemental «dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes ». Elus pour un mandat de quatre ans, ces deux pays sont pourtant connus pour leur pratique massive de la ségrégation des femmes. L’idée est d’inclure les pays les plus misogynes de la planète afin de les inciter à faire des efforts en matière de droits des femmes, mais il est permis de se poser la question suivante : aurait-on eu l’idée de confier des responsabilités en 1990 à l’Afrique du Sud de l’Apartheid dans une organisation internationale dédiée à fixer les grandes orientations de la lutte contre la haine raciale à l’échelle mondiale ?
L’élection de l’Iran a provoqué la colère de Masih Alinejad, journaliste iranienne et militante des droits des femmes, célèbre pour son combat contre le voile obligatoire. Celle-ci s’estexclamée : «C’est surréaliste. Un régime qui traite les femmes comme des citoyennes de deuxième classe, les emprisonne pour ne pas porter le hijab obligatoire, leur interdit de chanter, les interdits des stades et ne les laisse pas voyager à l’étranger sans la permission de leur mari est élu au plus haut organe de l’ONU pour les droits des femmes».
This is surreal.
A regime that treats women as 2nd class citizens, jails them for not wearing compulsory hijab, bans them from singing, bars them from stadiums & doesn't let them travel abroad without the permission of their husbands gets elected to UN's top women's rights body https://t.co/VdGOkWxZgG
— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) April 22, 2021
Dans son rapport annuel sur l’Iran de 2020, publié en avril, Amnesty International a notamment indiqué que «les femmes se heurtaient toujours à une discrimination solidement ancrée dans la législation, notamment en qui concerne le mariage, le divorce, l’emploi, la succession et l’accès aux fonctions politiques». «Les violences domestiques, le viol conjugal, le mariage forcé ou précoce et les autres formes de violences liées au genre faites aux femmes et aux filles n’étaient pas passibles de sanctions pénales et restaient très répandus», a ajouté l’ONG qui dénonçait également une «police des moeurs et les milices» qui «ont continué de soumettre des millions de femmes et de filles à un harcèlement quotidien et à des brutalités qui s’apparentaient à des actes de torture ou à d’autres mauvais traitements».
En 2017, l’élection de l’Arabie Saoudite comme membre de la Commission jusqu’en 2022 avait choqué. Jusqu’en 2015, les femmes ne pouvaient toujours pas voter dans la monarchie du golfe et ce n’est que depuis 2018 qu’elles peuvent (en théorie) conduire. À l’époque, l’administratrice du programme de développement des Nations unies et ancienne Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Helen Clark, avait justifié cette décistion en arguant qu’il était «important de soutenir ceux qui, dans ce pays, s’efforcent de changer les choses pour les femmes. Les choses changent, mais lentement».