L’Eglise Catholique investit 10,6 millions de dollars pour empêcher des lois anti-pédocriminalité d’être votées aux Etats-Unis

Une récente enquête américaine révèle que l’Eglise Catholique a dépensé 10,6 millions de dollars dans les états du nord-ouest des Etats-Unis ces 8 dernières années pour faire du lobbying pour empêcher le vote de lois aidant les victimes de pédocriminels à obtenir justice. Au moment où l’Eglise prétendait admettre ses fautes et vouloir aider les victimes, elle a dépensé des millions en lobbying pour empêcher le plus possible de victimes de prêtres pédophiles de porter plainte. En accomplissant ce travail d’obstruction, l’Eglise rendait également service à tous les autres pédocriminels, de tous horizons, puisque les lois en question visaient à protéger l’ensemble des victimes de pédocriminels.

L’enquête a été réclamée par un groupe de quatre cabinets d’avocats américains engagés dans des actions collectives pour défendre des victimes de prêtres pédophiles : Seeger Weiss LLP, Williams Cedar LLC, Abraham Watkins and la Simpson Tuegel Law Firm. Le rapport s’intitule : « Quand l’Eglise influence l’Etat : comment l’Eglise catholique a dépensé des millions contre les survivants d’abus sexuels » et il est consultable en ligne.

Interrogé par CBS News, Gerald Williams, l’un des avocats du groupe, exprime sa consternation : « Notre première réaction fut un sentiment d’écoeurement. Nous représentons des centaines de personnes ayant été victimes de prêtres de l’Eglise. L’Eglise a beaucoup communiqué sur son souhait de rendre des comptes et de tourner une nouvelle page. Mais quand on s’est organisés pour aider les gens à obtenir justice dans les tribunaux, l’Eglise était là pour entraver leurs efforts ».

Rien qu’à New York, l’Eglise catholique a investi plus de 2,9 millions de dollars en lobbying pour empêcher le vote du Child Victims Act. Cette loi visait à donner plus de temps au victimes de pédocriminels pour poursuivre leurs violeurs en justice, leur permettant de demander un procès jusqu’à leurs 55 ans, contre 23 ans auparabant. Malgré l’intense travail d’obstruction par l’Eglise catholique, la loi a finalement été ratifiée par le Gouverneur Andrew Cuomo le 14 février 2019.

De même, en Pennsylvanie, où en 2018 un rapport du Grand Jury présentait en détail des preuves accablantes contre plus de 300 prêtres ayant abusé de plus de 1000 enfants, l’Eglise catholique a dépensé plus de 5,3 millions de dollars pour empêcher la justice d’accorder un délai supplémentaire aux victimes pour poursuivre leurs violeurs et agresseurs.

Ces sommes considérables d’argent ont été transférés par l’Eglise sur le compte de la Catholic Conference Policy Group et ont servi à lutter contre des réformes judiciaires améliorant la protection des victimes d’abus sexuels.

Récemment, l’Eglise a multiplié les déclarations pour affirmer sa volonté de rendre enfin des comptes aux victimes. En Août 2018, le pape François lui-même a déclaré : « La douleur des victimes et de leurs familles est aussi notre douleur, et il est donc urgent pour nous de réaffirmer notre engagement à assurer la protection des mineurs et des adultes vulnérables. » 

Pourtant, dans le même temps, d’après le rapport, l’Eglise a non seulement continué à investir dans le lobbying contre les droits des victimes, mais a même augmenté ses investissement au fil des années.

Alors que l’Eglise prétendait aider les victimes de ses pédophiles, elle a en réalité augmenté les sommes allouées au lobbying pour empêcher les victimes de porter plainte

« L’Eglise fait de belles déclarations, mais quand elle doit mettre de l’argent sur la table, elle choisit d’affecter cet argent pour sa propre protection et non pour aider les victimes », explique Gerald Williams. « Je crois que l’Eglise a encore du chemin à parcourir si elle veut vraiment défendre les survivants. Je crois que ces données montrent clairement que l’Eglise ne soutient pas les survivants et qu’elle lutte carrément contre eux. »

Les données du rapport proviennent intégralement de archives des Etats du Connecticut, du Maine, du Massachusetts, du New Hampshire, du New Jersey, de New York, de Pennsylvanie et de Rhode Island. Gerald Williams estime qu’il est « très probable » qu’au moins une partie des fonds utilisés par l’Eglise pour entraver les projets de loi de facilitation des démarches pour les victimes provient de la quête auprès des fidèles lors de la messe dominicale.

Chacun des amendements détaillés dans le rapport visait à faciliter les démarches de toutes les victimes d’abus sexuels et pas seulement de celles abusées par des membres de l’Eglise. Plus de 10 millions de dollars auront été dépensés par l’Eglise catholique pour limiter les droits de ces victimes elles aussi.