Les femmes médecins sauvent-elles plus de vies que les hommes médecins ?

Beautiful female medicine doctor looking in camera in front of patient lying in bed and communicating with therapeutist. Physician or traumatologist medical concept. Medical care or insurance concept

Lors d’une hospitalisation, vos chances de survie seraient légèrement supérieures si vous êtes soigné par un médecin femme plutôt que par un homme. C’est ce que suggère une vaste étude menée par des chercheurs de l’université de Harvard auprès de 1,5 millions de patients de plus de 65 ans, soignés par 58 000 médecins de 2011 à 2015.

 

Plus de femmes médecins, moins de morts ?

Chez les patients âgés, le taux de mortalité 30 jours après hospitalisation est de 11,07% si le médecin est une femme, contre 11,49% si c’est un homme. Soit un écart de 0,42 points selon le sexe du médecin. Ce taux est à-peu-près le même lorsque le sexe du médecin n’est pas choisi par le patient lui-même.

Un écart similaire de 0,55 points a été constaté dans le taux de réadmission sous 30 jours : 15,02% des patients soignés par une femme ont été réadmis à l’hôpital sous 30 jours, 15,59% lorsque le médecin était un homme.

Publiées dans la revue JAMA Internal Medicine, ces données excluent la chirurgie et tiennent compte d’ajustements en fonction du taux de risque du patient.

 

Les femmes, meilleurs médecins que les hommes ?

« Si tous les patients de l’étude avaient été traités par des femmes, 32 000 vies auraient été sauvées », s’exclame Konbini.

Pour le docteur Ashish Jha, auteur de l’étude, une leçon est à tirer de ces chiffres : “si un traitement pouvait diminuer le taux de mortalité de 0,5 points, nous l’utiliserions très largement. Nous le verrions comme un traitement cliniquement important que nous voulons utiliser sur nos patients”.

A la lecture de ces conclusions, nous aurions presque envie de pousser les hommes médecins vers la porte… mais gare aux raisonnements hâtifs.

L’étude comporte de nombreux angles morts : elle n’a été menée que sur des patients âgés du dispositif Medicare, elle exclut les opérations chirurgicales et ne tient pas compte des différentes qualités d’établissements. Les chiffres minorent également le rôle du travail en équipe, relève le Washington Post : « pour identifier le sexe du praticien, les chercheurs ont regardé qui, dans le service, facture le plus grand nombre d’actes – 50% en moyenne – ce qui signifie que 50% des actes ont été réalisés par d’autres personnes », dont on ignore le sexe.

 

Hommes et femmes médecins : quelles différences ?

L’étude de Harvard suggère une certaine corrélation entre le sexe du médecin et les chances de survie du patient, mais ne nous renseigne pas sur les causes. Pourquoi cet écart de survie en fonction du sexe du praticien ? Plusieurs explications ont été avancées.

Tout d’abord, les femmes seraient plus enclines que les hommes à respecter les recommandations cliniques, suggère une étude de 2009. Autre facteur possible : une relation différente au patient. Les femmes médecins accordent davantage d’importance à la communication avec le patient et repèrent mieux les symptômes non-verbaux que les hommes.

En attendant des études complémentaires, toutes les spéculations sont permises et la féminisation de la médecine suit son cours. En France, les femmes représentent 63% des étudiants en médecine. A partir de 2022, le nombre de femmes médecins en exercice dépassera celui des hommes.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *