Parmi les 120 femmes tuées en 2018, un tiers s’était déjà rendu à la police pour déposer une plainte ou une main courante. C’est ce que révèle une enquête menée par un groupe de journalistes du Monde. « Dans ces affaires, moins de témoins sont entendus et les vérifications sont plus rares que dans d’autres dossiers de droit commun« , expliquent les journalistes. La publication de cette enquête intervient dans le contexte du Grenelle des violences conjugales lancé par Marlène Schiappa.
La Secrétaire d’état à l’égalité entre les femmes et les hommes a annoncé un plan d’action pour l’amélioration de l’accueil en commissariats des victimes de violences de conjugales.
Enquête édifiante sur les dysfonctionnements des plaintes pour violences conjugales !
C’est pour y mettre fin qu’ @EPhilippePM a lancé:
+ audit de 400 commissariats gendarmeries
+ formation des policiers 👮♂️
+ recrutement de 73 psy
+ création de la grille d’évaluation du danger https://t.co/MQwh31qlvY— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) October 21, 2019
Plusieurs associations et spécialistes du sujet pointent néanmoins des insuffisances. Le gouvernement ne reprend que très partiellement la série de mesures proposées cet été dans une pétition par le juge Luc Frémiot et des familles de victimes de féminicides. Le collectif réclamait les mesures suivantes :
- « L’inscription du terme « féminicide » dans le code pénal, en tant que crime machiste et systémique : ces femmes sont tuées parce qu’elles sont des femmes par des hommes qui pensent avoir un droit de vie ou de mort sur elles. »
- « Mise en place de sanctions pour les membres des forces de l’ordre qui manquent à leur devoir en ne prenant pas en compte la parole des femmes qui leur signalent des violences dans leur couple. »
- « Une formation pour les policiers et les gendarmes (…) Création d’un module « violence conjugale et féminicide » lors de la formation initiale des policiers et des gendarmes, ainsi qu’une formation de rattrapage pour les membres des forces de l’ordre aujourd’hui en poste. »
- Mise en place d’une communication régulère entre la gendarmerie, la police échangent bien et les associations spécialsiées dans les violences conjugales.
- Rendre possible « l’ouverture immédiate d’une procédure lorsqu’un témoin vient signaler qu’une femme subit des violences. Nous rappelons qu’il est extrêmement difficile pour ces femmes de se rendre dans un commissariat. »
- « Création d’au moins une unité médico-judiciaire dans tous les départements français afin d’accompagner et soutenir les victimes. »
- « Mettre en place une mesure d’éloignement du domicile, avec port du bracelet électronique obligatoire, pour les auteurs de violences conjugales, et ce dès la première condamnation. »
- « Création de foyers destinés à ces hommes, où ils pourraient suivre des thérapies ».
- « Confisquer aux auteurs de violences conjugales leurs armes à feu ou armes blanches et faire des demandes de rapatriement immédiat des assassins qui quittent le territoire pour échapper à leur peine. »
- « En Espagne, des tribunaux spécifiquement dédiés aux violences conjugales ont été créés, pourquoi ne pas s’en inspirer ? »
- « La déchéance de l’autorité parentale pour le conjoint assassin ; si les droits parentaux sont maintenus, les visites doivent être faites sous la surveillance d’une tierce personne ; relever les enfants majeurs de leur « obligation alimentaire » envers leur parent assassin. »
- « Il est également nécessaire, outre les enfants, de mieux prendre en charge les proches et cela passe par plusieurs mesures : la reconnaissance du statut de victime pour les familles de victimes de féminicide, au même titre que les familles de victimes d’attentat terroriste, et la création d’un service d’Etat dédié au soutien psychologique, à l’assistance juridique et administrative de ces familles. »