Témoignage d’une journaliste de gauche écœurée par l’omerta féministe autour de La Chapelle-Pajol

Capture du post de Florence Tricoire avant le verrouillage de son compte

Dans une lettre ouverte adressée à Osez le féminisme et au Collectif Stop Harcèlement de Rue, la journaliste Florence Tricoire alerte les féministes officielles sur leur aveuglement. Elle relate sa propre expérience de harcèlement de rue massif dans le quartier de La Chapelle Pajol (Paris). Journaliste pour Libération et Metronews, féministe convaincue, elle a publié son témoignage le 20 mai sur Twitter mais le tollé a atteint de telles proportions qu’elle a dû verrouiller l’accès à ses tweets. Nous reproduisons son texte intégralement.

« Vous n’avez pas dû beaucoup mettre les pieds dans ce quartier »

Bonjour, je suis hyper choquée par toutes vos prises de position sur le problème de harcèlement de rue à La Chapelle Pajol. Vous êtes toutes mes héroïnes, je vous suis, je suis toujours d’accord avec vous, vous m’aidez à penser. Mais là, vous vous plantez totalement. Vous vous sentez obligées de prendre position sur le sujet parce que c’est votre « créneau » sauf que, je crois que vous n’avez pas dû mettre beaucoup les pieds dans ce quartier. Du coup, désolée mais vous dites des conneries. Il y a un vrai problème de harcèlement de rue à La Chapelle, et franchement, pour avoir pas mal crapahuté dans Paris, je pense que c’est à une concentration inédite.
Je suis arrivée dans ce quartier il y a 3 ans et c’était certes très populaire, mais plutôt tranquille. La situation a complètement changé il y a un ou deux ans, dû, à mon avis, à une accumulation de misère qui a fait que des migrants, mecs qui profitent des migrants, vendeurs de cigarettes, vendeurs de tout et n’importe quoi se sont retrouvés sur un espace de 50m2 d’un coup, dans des proportions complètement dingues et qui n’existaient pas avant. Personnellement, j’ai habité 3 ans à 100m du métro, sur la rue Marx Dormoy. Au bout d’un moment, je ne pouvais plus faire le chemin sans me faire aborder 5 fois. En robe, jupe ou short, c’était bien pire mais la question ne se posait même plus puisqu’il n’était même plus question de tous ces habits.

« J’aimais que ce soit divers »

Putain, je l’aimais, au début, ce quartier, J’aimais que ce soit populaire. J’aimais que ce soit divers. Ça devait satisfaire la connasse de gauche que je suis. Mais là, c’est arrivé à un point où ça n’était plus possible. Ne plus pouvoir m’habiller comme je voulais, sortir à l’heure de mon choix sans penser aux « types de la rue » et arriver chez moi en colère ou en pleurs juste parce que j’habitais cette rue, ce n’était plus possible. Et je crois que c’est exactement ce pourquoi vous vous battez.

Sauf que, j’ai l’impression que quand vous avez vu « quartier populaire », « migrants, « étrangers », « droite », ça vous a fait complètement vriller. Alors c’est devenu un « Sevran bis », « un Cologne bis » [Ndlr : allusion directe au communiqué de Paye Ta Schneck sur l’affaire]. Sous-entendu quelque chose monté de toutes pièces. Et putain, ça me casse le cul de vous voir sous-entendre que ce que j’ai vécu n’a pas existé, ou que je dois être raciste et que c’est pour ça que je m’excite. NON.

Alors que des connards de droite ou d’extrême-droite reprennent l’histoire en mode « je vous l’avais bien dit » ou « virez moi toutes ces hordes d’immigrés » parce que c’est passé dans Le Parisien et que ça a beaucoup fait parler, ça fait chier, mais ça n’est pas pour ça que vous devez sous-entendre que tout ça n’est qu’un tissu de mensonges. Vous voiler la face, fermer les yeux parce que c’est un quartier populaire avec plein d’immigrés. C’est contre-productif de fonctionner comme ça et je pense que vous décrédibilisez la cause, et dégoûtez les filles comme moi, qui croyaient beaucoup en vous.

 

Capture du post de Florence Tricoire avant le verrouillage de son compte

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